- natashadouliez
Emotions, bonnes ou mauvaises ?
Dernière mise à jour : 26 mai

Je vois beaucoup de mes clients lutter contre leurs émotions : essayer de contenir leur colère, cacher leur peur, maquiller leur tristesse pour n’afficher que la joie. Très souvent, trois de ces quatre émotions primaires sont étiquetées comme «mauvaises», «négatives».
De l’autre côté, l’incontinence émotionnelle provoque un conflit ou une gêne quand nous ne comprenons pas ce qui se passe avec nous et notre interlocuteur.
Quand est-ce que la peur, la colère, la tristesse sont-elles « bonnes » et quand est-ce que sont-elles « mauvaises » ?
Regardons-les de plus près.
Ces émotions correspondent aux 3 types de réactions au stress, développés pendant l’évolution de l’humanité : combattre, fuir ou se figer. La colère nous donne une énergie haute pour dominer la situation. La peur (énergie haute aussi mais estimation défavorable de la situation) est le sentiment fondateur de la survie. La tristesse (énergie basse, une sorte d'hibernation), nous demande de nous concentrer sur nous-même. Mais ces trois émotions sont souvent inhibées car non-admises par les conventions sociales.
En réalité, les émotions nous indiquent notre positionnement par rapport à une situation donnée. Leur « négativité » ou « positivité » ne dépend que de ce qu’on en fait.
Utilisées à bon escient, elles sont positives car : 1/ C’est un bon radar pour comprendre un problème et l’indiquer aux autres et 2/ Bien employées, elles permettent de communiquer efficacement et déclencher une action utile pour résoudre ce problème. La question est : sont‑elles adéquates, proportionnées à la situation ? Nous allons y revenir.
Les quatre émotions de base (même la joie !) deviennent négatives lorsqu’elles n’enclenchent pas d’action efficace. Dans ce cas, nous gaspillons notre énergie et celles des autres, faussons notre communication et nous éloignons de nos objectifs.
Les psychologues distinguent trois types d’émotions réellement mauvaises :
1. Elastiques : émotions réactivées ;
2. Timbres : émotions accumulées ;
3. Rackets ou parasites : émotions (ou comportements) substituées.
1. Les « élastiques »
Un élastique s’étire pour frapper un coup sec et douloureux. De même façon, si j’ai vécu dans le passé un événement dur et une forte émotion associée, ses «fantômes», des années plus tard, provoqueront la même émotion d’une intensité excessive et inappropriée à la réalité actuelle.
Exemple : la scène avec De Niro dans « Analyse this » quand il commence à pleurer devant la publicité qui met en scène un homme avec son père.
2. Les « timbres »
C’est comme un carnet de fidélité : vous effectuez un certain nombre d’achats et vous avez droit à un cadeau !
Le timbre est une émotion douloureuse non exprimée qui s’ajoute à d’autres. Quand le «carnet» est rempli, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : tout est prétexte à l’explosion, allant d’une simple colère ou dispute à dépression, infidélité, ulcère d’estomac, alcool & drogues, divorce ou même suicide.
Exemple : Film « Chute libre » avec Michael Douglas.
3. Les « rackets » ou les « parasites »
C’est une émotion qui remplace les autres, la seule que j’ose me permettre. Appelée «racket» car elle me permet d’obtenir des autres des signes de reconnaissance ou des «caresses négatives» dans le langage de l’analyse transactionnelle, elle me renforce encore dans mon scénario.
Appelée aussi « parasite » car elle fausse ma communication, elle se substitue à l'expression des sentiments authentiques.
Ainsi, je suis triste au lieu de me mettre en colère pour que mes collègues me consolent. Je suis jalouse au lieu de montrer ma peur d’être abandonnée pour avoir l’attention de mon conjoint. J’exprime ma colère quand j’ai peur car ce sentiment est plus adapté à mon rôle social de Dirigeant ou encore, dans les situations difficiles, j’ai un éternel sourire, m’interdisant la tristesse pour ne pas me montrer faible. Etc. A la longue, le racket agace les autres, provoque la méfiance et le rejet.
Exemple : Un PDG colérique ne sait pas manager autrement, derrière son agressivité il cache ses peurs : Suis-je un vrai leader ? Vont-ils m’écouter ? Mon entreprise, que va-t-elle devenir après cette crise ? Etc.
Alors, comment faire pour éviter les émotions « négatives » ?
- Reconnaitre que l’émotion est excessive et l’« étiqueter » (élastique, timbres ou racket) nous permet déjà de descendre d’un crain son intensité.
- Chercher et trouver dans l’enfance ce qui l'a provoquée nous aide à comprendre son origine. Qu'est ce que j'ai vécu pour avoir ce besoin de cacher ? (« Ne pleure pas, t’es pas une mauviette ! », « Tais-toi, tu me fatigues ! » etc.).
- Nommer précisément l'émotion éprouvée (il en existe des listes), la reconnaitre comme légitime et la remercier nous fait beaucoup de bien. Cette émotion essaye de nous protéger de la situation, reconnue comme « dangereuse » par notre subconscient. Sa « légitimisation » permet de libérer l’énergie allouée – cela fonctionne à tous les coups.
- Apprendre à vivre et exprimer librement des émotions appropriées à la situation «ici et maintenant» nous permet souvent de régler un problème.
- Repérer des avantages cachés et apprendre à les avoir autrement nous libère des anciens schémas.
Nous pouvons travailler sur nos « drivers » et croyances avec un coach pour comprendre les mécanismes qui nous font réagir sans qu'on s'en aperçoive.
Revenons aux émotions positives ! Rappelons qu’une émotion est positive quand elle est fonctionnelle : elle informe moi-même et les autres sur mon état face à une situation.
Personne a le pouvoir de nous faire mal. On s'en charge nous-même par réaction à l'émotion de l'autre. Nous pouvons apprendre à écouter le message que l’autre nous envoie à travers son émotion car seule l’action appropriée donne des résultats positifs.
· La peur est une demande : « Protège‑moi ».
· Avec sa colère, l'autre me dit : « Aide-moi à changer ma situation ».
· Par sa tristesse, il veut dire : « Je me concentre sur moi - de quoi ai-je besoin ? ».
· Sa joie me dit : « Maintiens ma réussite, partage mon bonheur ».
Pour conclure :
Chaque émotion est négative quand elle est disproportionnée et pas authentique. Une telle émotion brouille la communication, crée des malentendus et de mauvais sentiments, n’engendre pas d’action appropriée pour améliorer une situation.
Chaque émotion est positive quand elle exprime le sentiment que l’on éprouve, se manifeste librement, au bon moment et pas de manière excessive. Une telle émotion nous indique notre sentiment profond face à une situation donnée, nous permet de communiquer efficacement de façon assertive et nous aide à régler des problèmes.
Les émotions sont le signal qui nous renseigne sur nous-mêmes, notre environnement et nos relations avec les autres. Elles nous indiquent l'état de nos besoins : une émotion désagréable signale un besoin non-satisfait, une émotion agréable témoigne d’un besoin satisfait. Elles nous informent si nous sommes en harmonie avec nos valeurs.
Si nous les ignorons, nous nous privons d'une importante ressource dans notre processus de décision et en plus, détruisons notre santé. Apprendre à les écouter, les comprendre, les exprimer de façon positive augmente la confiance en soi et nous permet de rester en bonne santé, être aligné sur nos valeurs, satisfaire nos besoins, avoir un leadership authentique, assainir nos relation avec les autres et vivre une vie pleine et passionnante de façon efficace.
Connaitre nos propres émotions nous aide à les comprendre chez les autres. Dans une organisation, augmenter l'intelligence émotionnelle des salariés nous permet de bâtir un collectif plus performant, avoir des équipes soudées et motivées grace à une meilleures communication.
CEO COACH propose des coachings et des formations individuelles et collectives pour apprendre à maîtriser ce sujet.
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Pour aller plus loin: Jacques et Claire Poujol « L’accompagnement psychologique et spirituel »
Natalia Douliez, Fondatrice de CEO COACH
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